Cher au coeur des bordelais, « La Grosse Cloche » est un monument incontournable de la ville. Baptisée « Armande Louise », la cloche a donné son nom à l’ensemble des éléments qui constituent la « Porte Saint Eloi » ; allant de son beffroi à son horloge, en passant par ses tours adjacentes et ses geôles souterraines. Symbole du passé médiéval de la ville de Bordeaux, autrefois prison, elle maintenant ouverte à la visite et sa proximité avec le centre-ville, en fait un haut lieu de rendez-vous.
Un témoignage de l’histoire médiévale de Bordeaux
Unique vestige des anciens remparts de la ville, de tout temps « La Grosse Cloche » constitue un véritable repère pour les habitants de Bordeaux.
“J’appelle aux armes, J’annonce les jours, Je donne les heures, Je chasse l’orage, Je sonne les fêtes, Je crie à l’incendie”
Ainsi, les magistrats l’utilisait pour annoncer les vendanges et/ou pour prévenir d’un incendie dans la ville, les bordelais y lisaient l’heure et/ou le jour de la semaine. Comme l’indique une inscription en latin sur son pourtour, depuis le XIIIe siècle elle est indispensable au quotidien des habitants. Si bien que, lorsque le roi voulait punir la population bordelaise de son insubordination, il ordonnait le retrait de la cloche et de son horloge (notamment Henri II en 1548 en représailles contre les jacqueries).
Un symbole de la ville de Bordeaux
Sur sa robe sont frappées les armoiries de la Ville, de la France, du Maréchal Richelieu, du gouverneur de la Province de Guyenne (son parrain) et de la Duchesse d’Aiguillon (sa marraine). Le beffroi est surmonté d’une girouette représentant un léopard d’or, figurant les armes de la Province de la Guyenne anglaise, dont Bordeaux était la capitale. Tandis que sur la face intérieure de la cloche, on peut y lire l’inscription suivante :
« Mes coups marquent le temps, ma voix appelle aux armes, (…) j’ai des chants pour tous les bonheurs, pour tous les morts j’ai des larmes ».
Sa cloche actuelle, coulée par le fondeur TRUMEAU en 1775, est en réalité la sixième à être mise en place dans ce beffroi, la cinquième ayant été fêlée en sonnant le tocsin lors de l’incendie de 1774. Car si « Armande Louise » a des formes généreuses : pesant près de 7.750 kg et mesurant 2 mètres de haut sur 2 mètres de diamètre, son poids et ses quelques fissures la rendent fragile et sensible aux vibrations.
Une visite incontournable à Bordeaux
Aujourd’hui, cette porte est ouverte à la visite. La porte a subit de nombreuses modifications jusqu’au XVIIIe siècle mais le monument dans son ensemble reste l’un des rares et derniers vestiges médiévaux de Bordeaux (ajoutée à la Porte Cailhau). Édifiée sur les vestiges de la Porte de la paroisse Saint Eloy ou « Porte Saint James », elle ouvre le passage aux pèlerins sur le chemin vers Saint Jacques de Compostelle ; ce qui explique le nom de la rue « Saint James », version gasconne de « Saint Jacques ».
Et lors de la visite de « La Grosse Cloche » et de ses souterrains, vous constaterez que ses cachots semblent habités par les souvenirs de ceux qui ne respectaient pas le couvre-feu ou l’ordre public. Ses salles obscures et cachées se laissent découvrir et attestent d’un passé bien sombre : cette porte défensive servit aussi de prison ! Et s’il se dit que les prisonniers n’étaient enfermés que 15 jours derrière les portes de 10 cm d’épaisseur, les inscriptions gravées sur les murs témoignent du contraire…
Sources :
Bordeaux Tourisme, 33Bordeaux, Wikipedia
Photos par Asgeir Pedersen, Spots France