Inauguré le 1er mai 1822, il a nécessité 12 ans de travaux complexes. Enjambant le fleuve Garonne sur 487 m de long, ses 17 arches de pierre et de briques sont un clin d’œil aux 17 lettres du nom de Napoléon Bonaparte, l’instigateur de cet ouvrage ambitieux. Conçu par les ingénieurs Claude Deschamps et Jean-Baptiste Basilide Billaudel, il a réunifié deux rives et deux villes: Bordeaux et Bastide.
Une ville redessinée
Le Pont de Pierre a profondément modifié la morphologie de la capitale girondine, qui fonctionnait jusqu’alors comme une cité insulaire entièrement cernée et contrainte par la Garonne.
Ce pont à voûtes est conçu en maçonnerie de pierre et de briques, ce qui reste assez rare pour Bordeaux où règne la pierre blonde. Son architecture élégante et sobre s’inspire des monuments phares de la ville, et notamment ses arcs en plein cintre, et la symétrie de sa structure – extérieure comme intérieure – rappellent le Palais Gallien.
La curiosité du Pont de pierre réside dans son intérieur : il est creux, truffé de galeries et d’escaliers qui permettent de contrôler sa structure et sa stabilité. Car malgré sa longueur (près d’½ kilomètre!), cet ouvrage témoigne d’une certaine souplesse pour s’adapter aux mouvements de Garonne, et aux fonds alluviaux meubles sur lesquels il s’appuie. Ses 16 piles reposent chacune sur environ 220 pieux de métal et de bois (sapin et pin des Landes) enfoncés dans la vase sableuse, eux-mêmes renforcés par un système d’enrochements.
Une construction laborieuse et une fragilité historique
Sa construction a été particulièrement laborieuse et coûteuse. Débutée en 1810, elle a été interrompue par divers événements politiques, historiques et naturels : la crue de Garonne en 1813, emporta une partie du chantier, puis la chute de l’Empire en 1814 ruina l’État.
C’est finalement en 1818, sous l’impulsion du négociant bordelais P. Balguerie Stuttenberg, que la Compagnie du Pont est créée, permettant ainsi de financer la poursuite et la finalisation du tout premier franchissement de Bordeaux, grâce à un droit d’octroi. Le péage, situé aux deux extrémités du pont, fut levé en 1954.
Aujourd’hui, le Pont de pierre attire l’attention pour d’autres raisons : ses fondations sont fragiles et il est désormais menacé par diverses pathologies ; ses 500.000 briques s’affaissent de 2 à 3 mm chaque année. C’est pourquoi il est tenu sous surveillance grâce à des capteurs de déplacement et un inclinomètre placés dans les galeries intérieures.
Le Pont de pierre est un des emblèmes de l’agglomération, unifiant Bordeaux et Bastide. Il a revêtu plusieurs noms : Pont Napoléon, Pont Louis XVIII, Pont de Bordeaux, Pont d’Aquitaine, puis Pont de Garonne, et a fini par garder l’appellation Pont de pierre. Classé Monument Historique de France en 2002, il fait partie de l’ensemble ‘Ville de pierre’ de Bordeaux inscrit au patrimoine mondial d’UNESCO en 2007. Son mystérieux dédale intérieur ne se visite que lors des Journées du patrimoine. Mais il se laisse admirer de l’extérieur… Quel que soit les humeurs du ciel ou du fleuve, il confère chaleur et lumière au-dessus d’une Garonne impétueuse et bouillonnante, et offre de larges perspectives vers les deux rives qu’il embrasse.
Sources :
Bordeaux Tourism, Wikipedia, Youtube
Photos par Asgeir Pedersen, Spots France