Le Jardin Public de Bordeaux constitue le havre de paix du centre-ville, prisé par tous les citadins tant pour la promenade, le jogging que le farniente sur les pelouses vert tendre. A l’ombre des séquoias et de tant d’autres essences originales et exogènes, ce jardin occupe l’emplacement de terrains agricoles et de vignes peu prolifiques. En 1746, l’intendant Tourny décide de l’arrachage des ceps pour y créer un jardin royal, afin d’offrir aux Bordelais un espace vert pour leur bien-être et leur santé, dans l’esprit des Humanistes du XVIIIe siècle.

Un premier jardin, « à la française »

L’architecte paysagiste Ange-Jacques Gabriel s’est chargé de la réalisation des plans du jardin dans le style « à la française », en référence à l’illustre paysagiste versaillais Le Nôtre. Il s’organise autour d’un plan d’eau et de huit parterres floraux, jalonnant une allée principale. Symétrie et perspective en sont les maîtres mots. Ce vaste poumon vert est clos par des grilles en fer forgé (celles d’origine subsistent entre la rue Ducau et la Place Longchamp, et sur la place du Champ de Mars.)

Un jardin renouvelé au XIXe siècle : romantisme et didactisme

Le XIXe siècle apporte de grands changements à la configuration et à l’atmosphère du Jardin Royal. Le maire Antoine Gautier impulse le réaménagement du site en faisant appel aux services du paysagiste bordelais Louis Bernard Fischer, pour en faire un lieu dédié aux loisirs, à la détente mais aussi aux sciences. En 1856, le parc prend alors un style anglais, à l’ambiance romantique et moins géométrique, avec la mise en place de pelouses ouvertes, d’allées sinueuses, d’un plan d’eau, de petits îlots disséminés et de passerelles propices à la flânerie. Charles Burguet, l’architecte de la ville aux commandes de cette réhabilitation, restructure l’esplanade (où se trouve actuellement L’Orangerie) et l’agrémente de statues et sculptures : Diane (Gabies), Jeunesse et Chimère (Granet), Maxime Lalanne (un aquafortiste bordelais), Rosa Bonheur (peintre animalier).Il ajoutera de même un surprenant cromlech, ensemble de menhirs disposés en cercle, et une palmeraie pour le côté exotique.

L’aspect pédagogique et scientifique du site se concentre au Jardin Botanique : en 1858, un espace dédié notamment aux plantes médicinales pour l’enseignement et la formation des futurs apothicaires. A ce jour, sur un demi-hectare, trois mille espèces végétales annuelles et vivaces sont désormais réunies pour le public. En 1862, c’est le Muséum d’Histoire naturelle qui s’installe dans l’ancien Hôtel Lisleferme réalisé par l’architecte Bonfin.

Une diversité d’essences et d’espèces reconnue

Le Jardin Public de Bordeaux est classé « Jardin remarquable de France » en raison de sa collection atteignant plus de 1000 arbres, dont de nombreux centenaires : 300 espèces cohabitent, étiquetées pour en apprécier facilement la découverte. Un arbre parmi les autres se distingue : le Pacanier, venu de l’Est des Etats Unis, par ses 38 mètres de hauteur et ses 114 centimètres de diamètre, est protégé au titre des Arbres remarquables de France.

Pour accompagner cette flore étonnante, le plan d’eau constitue un excellent point de rencontre pour les canards, oies, cygnes, poules d’eau et parfois les hérons cendrés, attirés par les poissons et les batraciens du lac.

Passées les grilles de fer forgé, ornées de dorures et arborant les armoiries de la ville de Bordeaux, le promeneur verra sa curiosité suscitée par tant de variété d’essences et de petits paysages bucoliques et vivants. Le romantisme et l’atmosphère champêtre du site font oublier la ville et réveillent l’inspiration du photographe en nature.

Crédit photo : Asgeir Pedersen Spots France