La Place Pey Berland est le centre névralgique de la ville de Bordeaux, réunissant les monuments représentatifs des différents pouvoirs politiques et religieux : l’Hôtel de Ville établi au Palais Rohan, et la cathédrale Saint André, consacrée par le Pape Urbain II en 1096. Elle tient son nom de l’archevêque Pierre Berland (Pey Berland en Gascon) qui créa l’université catholique de Bordeaux, pendant la domination anglaise des Plantagenêt.
Le palais Rohan abrite la mairie de Bordeaux
Le Palais Rohan, baptisé ainsi d’après le nom de l’archevêque de Bordeaux, Ferdinand Maximilien Mériadec de Rohan, a été le siège de divers pouvoirs : notamment Palais Impérial de Napoléon Ier en 1808, puis Château Royal sous Louis VIII en 1815, il acquit sa vocation actuelle d’Hôtel de Ville en 1835. Achevé en 1784, il arbore un style néoclassique monumental, sobre et harmonieux, et dispose d’une cour d’honneur et d’un élégant jardin à l’anglaise datant de 1882, situé à l’arrière.
A l’intérieur, il recèle de charmants salons en style Louis XVI décorés notamment par le sculpteur Cabirol et le peintre Lacour ; des boiseries exceptionnelles, et des éléments de patrimoine mobilier précieux, à l’image de la salle du Conseil Municipal aménagée en 1889, illustrant l’architecture officielle de la IIIe République.
La cathédrale Saint André
La Cathédrale Saint André fut consacrée en 1096 par le pape Urbain II et sa construction fut prolongée sur plusieurs siècles, du XIIe au XVIe. En résulte une alliance de divers styles et motifs architecturaux, romans, gothiques rayonnants, qui lui confèrent une apparence surprenante et un caractère unique. Sur la façade nord, se distingue un Portail Royal, illustration de l’apogée du style gothique français du XIIIe siècle, présentant des sculptures aux couleurs vives pour décupler ainsi l’imaginaire des fidèles. Deux tours sculptées culminent à 81 mètres et tiennent l’imposant vaisseau de pierre.
La Cathédrale a ouvert ses portes à des célébrations de prestige, au mariage royal d’Aliénor d’Aquitaine et du futur Louis VII, roi des Francs en 1137, puis l’union d’Anne d’Autriche, Infante d’Espagne et de Louis XIII Roi de France et de Navarre en 1615.
L’édifice a affronté les violences et les vicissitudes du temps et des conflits et a surmonté les catastrophes : en 1427, un tremblement de terre entraîne l’effondrement partiel des voûtes ; en 1787, un incendie détruit la charpente du chœur gothique; en 1820, un ouragan renverse le fronton de la façade nord et génère de nouveaux effondrements tandis que la foudre frappe l’une des flèches.
Classée au titre des Monuments historiques sur la liste de 1868, elle est aussi inscrite dans le périmètre protégé du patrimoine mondial de l’UNESCO et sur les Chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France.
La Tour Pey Berland
La cathédrale est flanquée d’une tour du XVe siècle à l’est du chevet : le clocher ou tour Pey-Berland. Dissocié de Saint-André, ce campanile abrite trois cloches (Marie, Clémence et Marguerite) et un imposant bourdon de huit tonnes (Ferdinand-André) que la structure de la cathédrale et le sol meuble n’auraient pu supporter.
AU fil de siècles, la tour a revêtu plusieurs vocations, parfois surprenantes pour un monument de cette grandeur : vendue comme Bien national lors de la Révolution française, elle est alors transformée en fabrique de plombs de chasse ! Puis elle abrite un banal magasin de à fourrage, avant de retrouver son rôle premier d’édifice religieux en 1851.
Après qu’une tempête a tronqué la flèche de la tour, une statue a été positionnée au sommet, culminant à 66 mètres : La Vierge à l’Enfant baptisée Notre-Dame d’Aquitaine, œuvre de Jean-Alexandre Chertier et mise en place en 1863. Superbement sculptée, la tour arbore quantité de motifs festonnés sur ses parois de pierre : des feuillages, des animaux fabuleux comme les gargouilles, qui règnent sur le pourtour du clocher. Il ne manque plus que Quasimodo pour une contemplation du panorama embrassant toute la ville, dans un décor fantastique. Pour cela, il faut gravir les 231 marches de l’étroit escalier de pierre qui mène à 50 mètres de haut et délivre une vue imprenable sur Bordeaux.
Classé monument historique, la tour Pey Berland est l’édifice le plus visité de Bordeaux, avec plus de 73.000 curieux en 2016.
La statue de Jacques Chaban-Delmas
La Place Pey Berland accueille depuis 2012 la statue en bronze de Jacques Chaban-Delmas, maire de Bordeaux 48 ans durant (1947 à 1995), Compagnon de la Libération, Premier Ministre et Président de l’Assemblée Nationale. Haute de 3,20 mètres et pesant 1 100 kilos, elle est l’œuvre du sculpteur Jean Cardot, membre de l’Académie des beaux-Arts et auteur notamment de la statue de Charles de Gaulle du rond-point des Champs Elysées à Paris.
Tous les chemins mènent à la place Pey Berland puisque quatorze rues permettent d’y accéder ! Entièrement réaménagée entre 2002 et 2004 pour l’arrivée du tramway, sous la conduite de l’atelier d’architecture King Kong, la place donne à voir nombre de panorama et de monuments majeurs illustrant la longue et belle histoire de Bordeaux.
Crédit photos : Asgeir Pedersen Spots France