Place de la Victoire, Bordeaux - Photo Asgeir Pedersen, Spots France
Place de la Victoire, Bordeaux

La Place de la Victoire, haut-lieu de la vie estudiantine bordelaise, se situe à la croisée de grandes artères de Bordeaux, et constitue l’aboutissement de la fameuse rue Sainte Catherine, plus longue rue commerçante et piétonne d’Europe. Dessinée par l’intendant Tourny lors des grands travaux de modernisation de la cité, elle est aménagée en 1753 autour d’une nouvelle porte dite « Porte d’Aquitaine ».

Plusieurs séquences d’immeubles de style néo-classique viennent structurer le site alors nommé « Place d’Aquitaine » : ces édifices bourgeois aux lignes sobres et élégantes sont, pour les plus anciens, la réalisation de l’architecte André Portier (également concepteur de la porte d’Aquitaine).

Ancien champ de foire, la Place de la Victoire n’a pas toujours été aussi populaire et vivante : à la Révolution, elle est préférée à la place Gambetta pour installer la guillotine ! Au XIXe siècle, elle retrouvera une vocation plus accueillante, celle de place de marché, étalant les produits des paysans de la campagne bordelaise.

Renommée Place de la Victoire le 3 décembre 1918, célébrant la fin de la Première Guerre mondiale, elle se transforme en véritable « quartier latin » aquitain, accueillant les étudiants tout droit sortis de la faculté de médecine et de pharmacie donnant sur la place.

Place de la Victoire, Bordeaux - Photo Asgeir Pedersen, Spots France
Place de la Victoire, Bordeaux

La Porte d’Aquitaine

Au centre de la porte se dresse la Porte d’Aquitaine conçue par André Portier en 1753 et inspirée des arcs de triomphe antiques. Baptisée ainsi en hommage au duc d’Aquitaine, son architecture met en valeur la pierre blonde de Saint Macaire sélectionnée pour son excellente robustesse.

Cet édifice large de 32,50 mètres dispose d’un fronton triangulaire sculpté par Francin : il arbore d’étonnantes sculptures aux motifs et symboles hétérogènes, représentant d’un côté les dieux marins et les armes royales, de l’autre des ensembles de fruits et de fleurs. La Porte est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 12 janvier 1931

La faculté de Médecine

En 1880, la faculté de médecine et de pharmacie s’installe sur la place : un édifice monumental néo-classique est érigé sur la place. A l’entrée : un escalier de pierre et un couple de statues, allégories de la Nature se dévoilant devant la Science… Ce monument conçu par l’architecte Jean-Louis Pascal, accueille désormais les formations en science de l’Homme de l’Université de Bordeaux.

Une vigne bicentenaire vendangée chaque année

Avant les vendanges de Montmartre, il y a celles de la Place de la Victoire ! Dissimulé entre le Bar « Chez Auguste » et le fast food, un pied de vigne résiste parmi les bâtiments et les étudiants. Vestige d’une plantation de 6 ceps effectuée au XVIIIe siècle par la famille bordelaise Duverger, cette treille parvient à produire jusqu’à 30 bouteilles de vin les meilleures années. La Municipalité renferme au conservatoire du Parc Floral quelques spécimens de ce cépage unique, le cruchen-nègre. De son nom «Tchacouli», il trouverait ses origines lointaines au Pays Basque. Après vinification à l’INRA, les bouteilles sont entreposées dans les caves de l’Hôtel de Ville, portant l’appellation Vin de Bordeaux.

Les Œuvres du sculpteur Ivan Theimer

En 2005, trois nouvelles œuvres d’art viennent enrichir la place, au plus grand étonnement des habitants et des touristes : une colonne étrangement torsadée et deux tortues en bronze… toutes réalisées par l’artiste tchèque Ivan Theimer.

L’obélisque, en marbre rouge du Languedoc et en bronze représente le premier monument célébrant la capitale de la vigne et du vin grâce à de multiples motifs gravés et en bas-reliefs sur la colonne : grappes de raisin, masque de Bacchus, navire de Dionysos… relatant les mythes et l’histoire des vignobles de l’Antiquité à l’actualité bordelaise. Cet assemblage de six blocs de marbre sculptés a été composé dans l’atelier italien d’Ivan Theimer à Pietrasanta.

Du haut de la rue Sainte-Catherine, à travers l’arc de la Porte d’Aquitaine, la colonne de marbre se laisse entrevoir, à condition de trouver le bon angle de vue et le zoom !

Quant aux deux tortues, curiosités de bronze, elles rendent aussi hommage à la culture viticole de Bordeaux : en témoignent les parures de grappes de raisins et les références aux grands crus bordelais gravés sur les carapaces.

A l’arrivée du tram, de grands travaux et de nouvelles œuvres modernes ont redessiné la Place de la Victoire et ont renforcé sa position de carrefour populaire et festif. Le pavement de la place, reprenant librement celui de la place du Capitole à Rome, et l’agencement de l’obélisque, de l’arc de la porte et de l’infinie rue Sainte Catherine offrent des jeux de perspective parfaits pour les photographes.

Crédit photos : Asgeir Pedersen Spots France