Place royale inaugurée en 1749, la Place de la Bourse est un exemple d’architecture classique à la française, réalisée par l’architecte du roi Jacques Gabriel, et achevée par son fils Ange-Jacques. Première percée dans les murailles médiévales de la ville de Bordeaux, elle a servi d’écrin à la statue équestre de Louis XV, jusqu’à la Révolution, et accueille désormais en son centre la Fontaine des Trois Grâces.

Une ouverture de la ville

En 1730, l’intendant Claude Boucher s’assure les services de l’architecte du roi pour diriger la construction d’une nouvelle place royale, destinée à créer un espace prestigieux pour embellir la ville et mettre en scène la statue équestre de Louis XV. Véritable révolution urbaine et architecturale, la Place de la Bourse libère Bordeaux d’une partie de ses murailles moyenâgeuses, et lui confère une image plus moderne et glorieuse, offerte aux visiteurs et négociants arrivant de la rive droite.

Cette place rectangulaire regarde vers la Garonne et déploie deux grands axes vers le centre ancien. À pans coupés, elle expose des façades élégantes et ordonnancées, ornées de mascarons et de ferronneries, représentant à la perfection l’architecture classique de ce XVIIIe siècle.

Le Miroir d'eau coté Quais de Bordeaux, Bordeaux, France - Photo Asgeir Pedersen, Spots France
Le Miroir d’eau coté Quais de Bordeaux

Un jeu de mythes et de symboles

La place est structurée au nord par l’ancien Palais de la Bourse, qui abrite désormais la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux, et au sud par l’Hôtel des Fermes, accueillant aujourd’hui le Musée National des Douanes. La place offre un écrin magistral à la Fontaine des Trois Grâces, qui domine au centre du rectangle. Édifiée en 1869, elle fut dessinée par Louis Visconti (l’architecte du tombeau de Napoléon situé aux Invalides), sculptée par Charles Gumery et coulée à la fonderie Thiébaut Frères. Aglaé la Beauté, Euphrosyne l’Allégresse et Thalie l’Abondance s’unissent pour représenter la prospérité et la splendeur de la ville.

Les façades de pierre blonde sont riches d’allégories et de symboles. Neptune, dieu des Eaux vives et des Sources et protecteur des bateliers, partage la scène avec Bacchus, dieu du Vin, Mercure, dieu du Commerce, et Minerve, déesse de la Guerre et des Arts.

Discrètement l’histoire de Bordeaux se raconte, à travers des personnages divins mais aussi des visages féminins, comme ces Africaines, rappelant la traite négrière qui a fait la richesse du commerce triangulaire du Port de la Lune.

“Une moitié de Place Vendôme”

Victor Hugo la qualifiait ainsi : « Cette place Royale, [qui] est tout simplement une moitié de Place Vendôme, posée au bord de l’eau ». Celle-ci a contribué à la mutation urbaine et à l’essor de la cité, à sa grandeur et sa réputation. Symbole de l’ouverture de Bordeaux, vers le fleuve Garonne et vers l’extérieur commerçant, la Place se conjugue à merveille avec le Miroir d’eau, et offre un décor prestigieux à de nombreux événements de la capitale girondine, haut lieu de la Fête du Fleuve et de la Fête du Vin. On peut alors se demander : qui est la plus belle ? La place elle-même? ou son image reflétée sur le Miroir d’eau.

Crédit photos : Asgeir Pedersen Spots France