Détails de la fontaine des Girondins aux Quinconces à Bordeaux - Photo Asgeir Pedersen, Spots France
Détails de la fontaine des Girondins aux Quinconces à Bordeaux

Des allées d’arbres plantés en quinconces, disposés par cinq; quatre répartis en carré et un au centre : voici l’origine du nom de cette immense place rectangulaire entre la Garonne et les Allées de Tourny, aménagée entre 1810 et 1828. Baptisée initialement Place Louis XVI puis Louis-Philippe, elle prit son nom actuel après la Révolution de 1848.

Réalisée à l’emplacement du Château Trompette (édifié pour asseoir le pouvoir des Rois de France à Bordeaux après 300 ans de domination anglaise, baptisé ainsi en raison du ruisseau Tropeyte qui irriguait le quartier), la Place des Quinconces réunit des monuments parmi les plus importants de la ville de Bordeaux.

Après démolition du Château, le plan de l’esplanade est arrêté en 1816 : tout commence par la construction de deux séquences de bâtiments d’habitation aux façades uniformes dessinant un hémicycle sur les franges ouest de la place. Six groupes de bâtiments à trois niveaux, d’un classicisme élégant, s’élèvent de chaque côté, surmontant une base en arcades. Ce vaste rectangle de douze hectares, record la consacrant comme place la plus vaste de France et sans doute d’Europe, est alors encadré de plantations d’arbres courts, depuis l’hémicycle jusqu’à la Garonne.

Détails de la fontaine des Girondins aux Quinconces à Bordeaux - Photo Asgeir Pedersen, Spots France
Détails de la fontaine des Girondins aux Quinconces

Les colonnes rostrales

Premier symbole et monument majeur de la place des Quinconces : les colonnes rostrales, édifiées en 1829 à l’extrémité de l’esplanade, dominent la Garonne. Surmontant un escalier monumental, ces deux œuvres de style néo-classique de Pierre-Alexandre Poitevin, sont décorées de rostres, éperons de navire, rappelant la victoire des flottes romaines sur celles de Carthage et, depuis l’Antiquité, signifiant la maîtrise triomphale des mers.

L’ornementiste d’origine italienne Florian Bonino est le créateur des rostres formés de faisceaux de glaives, tandis que les deux statues au sommet des colonnes et regardant la Garonne, sont l’oeuvre du sculpteur Monsau : l’une représente le commerce et l’autre la navigation.

Les statues colossales de Montaigne et Montesquieu

Deux statues colossales de quatre mètres de haut s’élèvent de part et d’autre de l’esplanade en l’honneur des deux philosophes : Montaigne et Montesquieu.

Sculptées par Dominique Félix Maggesi dans le marbre blanc de Carrare, elles célèbrent les fonctions des deux hommes dans la ville de Bordeaux : « selon les vœux du conseil municipal, Michel Eyquem de Montaigne est représenté revêtu de sa robe de maire, fonction qu’il a exercée de 1581 à 1585 » et que « Charles de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu est représenté revêtu de son costume officiel de président à mortier du Parlement de Bordeaux, fonction qu’il a exercée de 1716 à 1726 ». Depuis juin 2008 elles ont été inscrites sur l’inventaire supplémentaire des objets mobiliers classés.

Le monument aux Girondins

En 1883, un monument à la mémoire des députés Girondins victimes de la Terreur et célébrant la République est érigé en position central de l’hémicycle. L’ensemble repose sur un large socle encadré de deux bassins, d’où surgissent de vaillants chevaux et des groupes colossaux en bronze, achevés seulement en 1902. Au centre, une colonne de 43 mètres réalisée par Alphonse Dumilatre et Victor Rich culmine à 43 mètres et porte haut l’ange de la liberté brisant ses fers. Conçues en bronze vert, ces statues consacrent la mémoire et la gloire des Girondins : le triomphe de la République et de la Concorde, la Tribune et le coq gaulois y sont représentés. Du côté des allées de Tourny, on y observe la ville de Bordeaux assise sur la proue d’un navire célébrant l’Abondance, et les allégories fluviales de la Dordogne et de la Garonne.

Les héritages de la Seconde Guerre mondiale

Le quadrige des chevaux marins, symbole du Bonheur, et les autres groupes de bronze du Monument aux Girondins, sont saisis et retirés en août 1943 par l’occupant allemand, pour combler ses besoins en métaux de guerre. Retrouvés quasi intacts dans la ville d’Angers en 1945, ils ne retrouvent leur emplacement d’origine qu’en 1986.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la place des Quinconces est le siège des installations allemandes de la chefferie du port comme en témoignent les portes blindées encore debout, donnant sur les allées de Bristol, ou encore le blockhaus type 608 qui subsiste à la limite du carrefour avec le quai Louis XVIII.

La Place des Quinconces demeure un des plus grands espaces publics d’Europe, recevant aujourd’hui des manifestations populaires et festives de grande ampleur : elle a notamment accueilli la fan zone et ses 62.750 supporters lors du Championnat d’Europe de football 2016. La fraîcheur de ses fontaines et la grandeur de ses colonnes en font un site incontournable, visible à horizon lointaine depuis les deux rives de la Garonne, et aux perspectives vertigineuses pour le photographe.

Crédit photos :
Asgeir Pedersen, Spots France