Haute de 35 mètres, majestueuse, la Porte Cailhau constitue l’un des vestiges des murailles de la ville. Chère au coeur des bordelais, c’est l’une des plus belles portes de Bordeaux (on en dénombre 6 en tout) qui fait face aux quais et s’ouvre sur la Place du Palais, et plus largement, le quartier Saint-Pierre. Sous ses hautes toitures coniques, elle offre un magnifique panorama sur le Pont de Pierre et est régulièrement ouverte au public. Il suffit de passer dessous, la contourner et l’observer pour y découvrir ses sculptures et la minutie du travail de rénovation effectué. Les amoureux d’architecture seront comblés.
Entre Moyen âge et Renaissance
Une première porte d’accès à la cité avait été édifiée dans l’enceinte des murailles : celle-ci fut détruite et remplacée par l’actuelle Porte Cailhau, reconstruite plus près de la Garonne. En regardant bien, on observe sur sa façade côté fleuve les vestiges du rempart médiéval et de l’ancien chemin de ronde.
La fonction protectrice du monument ne peut être contestée. Le porte Cailhau est située à un point géographique stratégique, entre les embouchures des affluents garonnais : le Peugue et la Devèze. Elle assurait la surveillance et permettait l’accès au Palais de l’Ombrière, résidence des Ducs de Guyenne et du futur Roi de France Louis VII, lors de sa venue à Bordeaux pour son mariage avec Aliénor d’Aquitaine (1137), puis siège du Parlement de Bordeaux dès 1462. Ainsi, elle recèle de nombreux caractéristiques défensives: les mâchicoulis, la herse et l’assommoir (dont l’ouverture est visible en passant sous la porte), les lucarnes, les meurtrières et les archères de chaque côté de la porte, pour se préserver des attaques extérieures, mais aussi d’éventuelles révoltes populaires !
Toutefois, la Porte Cailhau présente des détails ornementaux annonçant les prémices de la Renaissance, tels que les accolades au-dessus des fenêtres, la toiture élancée et ses tourelles élégantes, et la richesse des décors de façade représentant des personnages, des symboles animaliers, des anges et des chimères, parfois mis en scène dans un décor de théâtre (rideau et cordes).
Un nom à plusieurs explications
L’origine du nom Cailhau est incertaine : deux sources sont évoquées. Il pourrait s’agir d’une référence à la famille bourgeoise bordelaise et d’époque médiévale, Les Cailhau, famille qui donna plusieurs maires à Bordeaux. L’autre origine pourrait être le Quai du Caillou, premier quai de Garonne pavé en cailloux de rivière et sur lequel les marchandises étaient débarquées puis livrées à Bordeaux par la fameuse porte.
Une fierté locale
En 1864, elle fut la demeure d’un écrivain public, puis d’un peseur de sel! De 1880 à 1890 la porte fait l’objet d’une restauration par l’architecte Charles Durand, qui fut une si belle réussite que le conseiller municipal Abel Jay déclara au maire Adrien Baysselance :
«Vous savez avec quelle satisfaction et quelle sympathie la population bordelaise a vu sauver de la ruine un monument qui lui est cher. Elle vous montre ainsi, et vous avez senti comme elle, la nécessité de certaines dépenses, peut-être sans utilité apparente, mais qui ont pour but de satisfaire le goût artistique, d’embellir la cité et de ne pas laisser périr les souvenirs d’un passé dont nous ne pouvons plus nous détacher que de la patrie elle-même».
La Porte Cailhau est classée au titre des Monuments Historiques depuis le 28 mai 1883.
Elle est ouverte au public et propose notamment une exposition à l’étage sur la taille de pierre, les matériaux et les outils ayant servi à bâtir la ville. Glorifiée par une mise en lumière magique, elle illumine et domine la Place du Palais et offre un superbe panorama sur la Garonne et le Pont de pierre.
Sources : 33Bordeaux, Bordeaux Tourism, Wikipedia, Bordeaux Gazzette
Photos par Asgeir Pedersen Spots France